Ma fille (qui préfère rester anonyme) a eu la mauvaise chance d’être hospitalisée sans consentement dans le Pavillon J de l’hôpital samedi 24 août soir, après un TS qui l’a amenée aux urgences vendredi nuit.
Voici son temoignage :
“ C’était une impulsion du moment : déjà le lendemain j’étais capable de parler de façon calme et lucide aux psychiatres des urgences, sans ne plus avoir aucune pensée noire et avec la seule envie de voir ma famille (tout ça est documenté noir sur blanc dans les papiers des urgences).
J’ai jamais vécu une situation si horrible comme au pavillon J.
J’étais pieds nus, avec seulement un couvre-chaussures, et je suis restée comme ça pendant 3 jours.
À mon arrivée, l’inventaire a été fait de façon grossière et pendant 2 jours les employés du pavillon ont été incapables de retrouver mes possessions.
J’ai demandé un peigne et on m’a répondu qu’ils avaient seulement un « peigne plat pour homme » (je suis italienne, mais je suis totalement bilingue française et je connais bien la différence entre un peigne et une brosse) ; j’ai pu en avoir un seulement au troisième jour.
Les aides soignants étaient totalement injoignables : ils s’enfermaient dans les bureaux et ils ne répondaient pas aux demandes d’aide, en passant leur temps sur leurs portables ou à papoter entre eux (une seule exception pour une super infirmière de nuit que j’ai croisé la nuit entre lundi et mardi et qui a pris le temps de me parler).
On m’a donné des médicaments sans me dire à quoi ils servaient et ils ne sont même pas notés dans les documents de sortie. À cause d’un de ces médicaments, dimanche matin je me suis levée et j’ai été totalement aveugle pendant 15 minutes (première fois que ça m’est arrivé dans ma vie), avec une tension de 6 sur 4.
J’ai pu parler avec d’autres patients qui étaient totalement lucides et retenus sous contrainte depuis plusieurs mois (un de ces patients même depuis un an).
Douche commune hyper sale, qui sentait terriblement mauvais, inutilisable.
J’ai demandé plusieurs fois de pouvoir parler avec quelqu’un pour être sûre de rester lucide et pour ne pas tomber dans l’angoisse et la peur ; jamais personne est venue.
Un ami a appelé plusieurs fois en demandant des nouvelles et ils ne l’ont jamais rappelé.
Les médecins n’ont même pas contacté ma psychiatre.
Un endroit totalement déshumanisant. La pire expérience de ma vie.
Ce comportement ne regardait pas que moi, tous les patients vivaient dans les mêmes conditions de négligence et indifférence.
Heureusement, ils ont reconnu le lundi que je n’aurait pas dû me retrouver là et j’ai pu être transférée (seulement le mardi, par manque de place) au pavillon ouvert Magnon, où l’on m’a donné le permis de rentrer chez moi déjà le mercredi et ils m’ont fait sortir définitivement le jeudi matin.
Je n’oublierai jamais ces 3 jours, avec le sentiment de terreur et impuissance que j’ai vécu et l’angoisse de ne plus pouvoir rentrer chez moi. “